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Bissextile

C’est un moment gagné sur le temps

Du retard pour le prochain printemps

L’immobile rêve que l’on laisse en suspens

Un jour important qui ne compte pas vraiment

C’est la chance d’une autre journée

De la poussière ajoutée au sablier

Quatre ans de rides mais tout est figé

On ne prend pas d’âge le 29 février

 

C’est un instant qu’on nous offre en cadeau

Passé en fraude au péril de nos peaux

L’oubli de tout pour ne voir que le beau

Le mariage du vrai avec le pas faux

C’est une course "arrivée arrêtée"

Grouper par quatre des quartiers de journée

Pas de coup de vieux, constat du passé

Le dernier jour d’un long mois de février

C’est l’occasion d’un réel imaginaire

Une avance sur les ères d’après-guerre

Une chanteuse qui vous prend à la chair

Une douce caresse arrachée à la terre

C’est une heure entière passée dans tes bras

Dix minutes à traîner dans tes draps

Le cri d’amour que l’on glisse tout bas

On ne vieillit pas le 29 de ce mois-là

 

C’est la fin qui rencontre les toujours

Être aveuglé pour enfin voir le jour

Des silences qui chantent nos amours

Une pause, un répit, un don en retour

C’est l’importance d’apprécier le futile

S’arrêter quand pourtant le temps file

Espérer le mouvement versatile

D'une fin février d’une année bissextile

Démo de maux en mots déments


"Le mal infernal des démons par monts
et par vaux" vaut pire à dire :
"Le Diable indéniable a cent ans, Satan
s'entend, s'étend de gâteux en gâteaux"


Sénile, c'est nul, le vieillard hagard,
Sire des cires, souffle et s'essouffle 
De bougies en lubies, de fêtes en défaite,
il fane la flamme, brûle la pendule


Hier est adversaire, moins que demain matin 
Des senteurs de fleurs couvriront sa raison
disparue des rues. Accrues, les ruses
des anniversaires adversaires font temps qui tue


Ainsi s'inscrit de la main du Malin
La furie des folies du centenaire grabataire

Jonquilles

Quand dans certaines régions, même les jonquilles étaient confinées
Moi depuis mon salon, je les entendais pleurer
Puis depuis mon balcon, je les voyais faner
Je me suis rendu compte de tout ce qui manquait

Confidence 

Les lettres ont suivi la cadence
Sans paroles et sans argument
Sur papier, elles ont pris le temps
Et elles chantent, et elles dansent

Les mots ont buté sur la chance
D'un jeune printemps nouveau-né
L'histoire attend sans trépigner 
La patience d'une confidence

Apatride de mes nuits

Qu’est-ce donc qu’un homme apatride dans ses nuits ?
Qu’est-ce donc qu’un corps qui partage ses envies ?
Entre désir et décence, parfait mépris
Des cœurs et des romances de garçon éconduit


De regards et de pleurs, indicible beauté
Du frileux qui avance par-delà le brasier
Prononce du bout des lèvres appels aux baisers
Qu’est-ce donc qu’un homme épris de complexité ?

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